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L’oeuf du Tsarévitch se dévoile à Montréal

10 Juin 2014

L’œuvre bleue est arrivée. Surnommé « l’oeuf du tsarévitch », l’un des fameux chefs-d’œuvre du joaillier Carl Fabergé était dévoilé à une poignée de journalistes mercredi au Musée des Beaux-Arts de Montréal (MBAM). Il fait partie de l’exposition estivale Fabergé, joaillier des tsars (Fabergé: Jeweller to the Czars) qui débute le 14 juin 2014.

L’objet précieux de 12,5 cm de haut a été déposé mercredi dans son écrin muséal temporaire sous haute sécurité. On ne pouvait circuler du côté ouvert du cube vitré où une experte manutentionnaire l’a déposé. Il faut dire que l’un des oeufs Fabergé récemment acheté par un collectionneur britannique (des mains d’un ferrailleur américain du Midwest qui l’avait acquis dans un marché aux puces !) était estimé à 37 millions de dollars…

« C’est l’un des objets les plus extraordinaires de cette collection », explique Sylvain Cordier, conservateur des arts décoratifs et anciens du MBAM. La collection appartenant au Virginia Museum of Fine Arts est considérée comme la plus grande hors de Russie et est présentée en exclusivité canadienne à Montréal.

« C’est un oeuf qui est offert par le tsar Nicolas II en 1912 », poursuit le conservateur. « Il est composé de lapis-lazuli et d’un très délicat décor néorégence en or et qui contient une extraordinaire petite surprise, en l’occurrence un petit portrait du tsarévitch Alexis, enchâssé dans un petit cadre à décor impérial avec le motif de l’aigle bicéphale en diamant. »

La tradition des oeufs de Pâques impériaux signés Fabergé commence en 1885. Le tsar Alexandre III en offre un premier à sa femme, l’impératrice Maria Feodorovna, qui aurait un souvenir marquant d’un petit oeuf en or appartenant à sa tante, alors qu’elle était enfant. C’est grâce à ce premier oeuf que Fabergé devient orfèvre de la cour impériale des Romanov.

Il y aura en tout 50 oeufs Fabergé offerts en cadeau chaque année par les tsars Alexandre II et Nicolas II, et deux non livrés à leurs destinataires, la révolution russe mettant fin abruptement au régime impérial en 1917. Chaque oeuf conçu dans le secret par le joaillier contient une surprise spéciale pour la personne à qui il est offert — surtout les impératrices Maria et Alexandra Feodorovna.

L’exposition du MBAM offrira quatre de ces chefs-d’œuvre au regard des visiteurs. L’œuvre bleue est mise en vedette parce qu’elle illustre bien la thématique de l’exposition, qui aborde notamment l’histoire et la chute du régime tsariste.

« Elle a une forte charge émotionnelle et un décor stylistique très riche », explique M. Cordier. Le portrait-surprise du tsarévitch à l’intérieur exalte à la fois l’intimité d’une famille mythique et son destin tragique puisqu’elle sera assassinée pendant la révolution de 1917.

« Il y a une confrontation entre le privé et l’institution », décrit le conservateur. « Il inspire la somptuosité tout en mettant en valeur un tout petit portrait d’enfant condamné à mourir quelques années plus tard. »

 

© 2014 Le Devoir, Frédérique Doyon. Original article (source).
Photo :  Annik MH De Carufel – Le Devoir